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Lima, la gestion de fichiers du futur ?

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Il y a maintenant 3 ans, j'ai participé au d'un projet dont la promesse était intéressante : Lima. La promesse était un petit appareil muni d'un port USB, d'un port Ethernet, d'une alimentation, qui pouvait prendre en charge de manière unifiée les fichiers sur vos différents terminaux.

Terminé donc les déplacements à la main, la synchronisation des tris de fichiers sur les différents disques. Une vision unifiée de l'ensemble de ses répertoires, c'est alléchant.

Et d'ailleurs, la campagne Kickstarter a atteint des sommets. La campagne était plutôt rondement menée. Et au final, c'est une boite bien financée qui peut se lancer dans la réalisation du projet.

Quelques fausses notes

La campagne est bien menée donc, mais rapidement après la fin du financement, lorsque les esprits s'apaisent, des doutes émergent : est-ce que Lima est le produit physique, ou bien est-ce que c'est le logiciel ?

Je pense que la plupart des participants étaient persuadé que l'innovation étaient dans le matériel. Le staff de Lima n'a eu de cesse de répéter qu'il s'agissait d'une expérience globale. Et à force de communiquer l'enthousiasme et ne pas mettre les choses au clair techniquement, quelques grincements de dents sont apparus.

La communication post-financement a été plutôt bonne au début. Puis, après les premiers problèmes techniques de fabrication en Chine, elle est devenue de plus en plus mauvaise. Ou plutôt, très axée sur du positif, du brillants (salons, récompenses, apparitions télé), sans vraiment se soucier des doutes des participants de la première heure.

D'un point de vue image, à mon avis, c'est une stratégie du quitte ou double.

En fait, c'était du software

Le premier suivi de production s'axe donc sur la création du matériel. Un appareil somme toute assez standard, mais que Lima veut de haute qualité. Suivre les aventures de la mise en place était passionnante, et c'est une chose à laquelle je m'attends en financement participatif : une partie de ma récompense est le suivi de production.

Puis lorsque arrive les soucis software, les nouvelles se font plus rares. Quelques mentions de bugs techniquement édulcorées font se poser des questions : est-ce que l'équipe est vraiment capable d'assurer sur le plan soft ? Est-ce que l'ambition n'aurait pas été revue à la hausse ? Et d'ailleurs, pourquoi cette écriture de soft alors que le prototype semblait fonctionner ?

Lima veut un produit fini aux petits oignons. Les souscripteurs aimeraient voir le produit et ne comprennent plus.

Au final, le produit sort 1 an et demi après son financement, en beta.

Mes attentes

La promesse initiale est séduisante. Une sorte de super-NAS à synchronisation automatique en arrière plan, les mémoires locales qui jouent le rôle de cache et le tout auto-hébergé. C'est peut-être bien le futur, j'aimerais que ce soit le futur, et je dis bravo à Lima pour porter cette vision.

Là où ça coince immédiatement, c'est sur le côté privatif du logiciel. Je le savais en participant au financement ; je n'ai pas envie de laisser une couche software sur laquelle je ne sais rien s'occuper de mes fichiers. Et surtout de remplacer mon système de fichiers.

D'emblée donc, je savais qu'au mieux, je me servirai de Lima pour partager certains fichiers non critiques entre mes terminaux mobiles. Impossible de les installer sur mes postes de travail, puisque l'idée est de remplacer le système de gestion de fichiers. C'est hors de question.

J'étais un peu déçu aussi par le choix (qui s'explique par le prix) de l'USB2 et d'un Ethernet 100 Mbps. Tous mes ordinateurs sont sur SSDs et sur réseau Gigabit. Je n'ai pas envie d'un truc mou au milieu de tout ça, j'ai déjà un RaspberryPi qui tient ce rôle, et je ne lui confie plus mes fichiers.

Mais en fait, pour une utilisation de partage de fichiers non critiques avec un téléphone ou une tablette, de toute façon en WIFI, les caractéristiques se tiennent. Et j'ai l'impression que c'est l'utilisation visée par Lima, on le verra plus tard.

En branchant le système (et au moment où j'écris cette introduction, je ne l'ai toujours pas branché), je m'attends à un système qui va me prendre par la main, fluide et facile d'utilisation. Puisque c'est le grand public et la facilité qui est visé, je ne vois pas voir un bout de geek dépasser à moins d'appuyer sur un bouton d'options avancées.

Niveau transferts, je m'attends à du crypté respectueux de mes règles de firewall, et que brancher un Lima sur mon réseau domestique ne l'ouvre pas à tous les vents.

Le matériel

Pour mon installation, je vais faire avec de la récupération : j'ai un disque dur de portable résultat d'une conversion à du SSD, un adaptateur externe SATA-USB pour dépannages (et donc pas destiné à être une solution fixe). Ça ira bien pour toucher du doigt les capacités de l'appareil et du fameux software.

Le boîtier Lima

Ouverture du paquet

C'est une agréable surprise : le packaging est soigné. Cartonnage épais, aimanté. C'est forcément toujours trop pour une partie qui n'est pas utile, mais ça montre le sérieux du produit.

La première chose que l'on voit à l'ouverture, outre les messages marketing bien actuels que je ne commenterai pas, c'est une paire d'écouteurs estampillée Lima.

Bon, je ne supporte pas ce genre d'écouteurs, mais ils sont surtout là pour passer un message. Comme je le disais plus haut, la cible d'une utilisation pour son mobile à des fins d'utilisation multimédia est confirmée. La communication de Lima est axée sur un usage grand public. Ce n'est pas le plus facile, surtout pour expliquer en quoi l'offre diffère et est supérieure à un Spotify et à un Dropbox. Mais c'est là qu'est probablement le marché.

Comparaison d'un Lima à côté d'un serveur N54L

Branchement

Aucun problème pour se brancher. C'est très simple. D'après le site, le disque dur peut-être alimenté par le boîtier Lima. Mon boîtier est déjà alimenté, donc je n'essaierai pas ça. À côté du N54L dont je me sers pour mon NAS, Lima se fait discret.

La documentation inscrite sur le packaging indique ensuite de se rendre sur http://install.meetlima.com

C'est parti !

Me voici donc sur une page qui m'indique qu'avec mon Pionneer Kit (nom marketé pour dire Beta), je n'irai pas loin avec mon poste de travail sous Linux. Je savais que ce n'étais pas encore dispo, mais je pensais arriver sur un dashboard de configuration et la possibilité de partager des fichiers via interface Web.

C'est une grosse grosse déception.

Bon... je tends mon bras et j’attrape une tablette Android, on va faire un second essai.

Deuxième tentative

Sous Android, c'est mieux. J'ai un bouton Get Beta App qui s'affiche et qui me demande une adresse mail.

Pour une promesse d'auto-hébergement et d'indépendance, c'est un peu décevant aussi. On va dire que c'est un enregistrement client. C'est moche, mais soit. J'entre un mail et je suis amené à une page formaté pour téléphone (qui fait donc un peu ridicule sur ma tablette) et donc le titre de page est Crashlytics.

Le packaging hardware était superbe, je préfère me rappeler ça.

Je clique sur le gros bouton Lima, qui est le truc le plus visible de la page. Pour m’apercevoir qu'en petit en dessous est inscrit qu'il faut aller voir son mail.

Donc, en UX, on aurait préféré le contraire. Mais je pinaille. C'est de la Beta (cf. plus loin, ce n'est en fait pas sur Lima que je suis en train de m'inscrire).

J'ai donc bien un mail qui me demande de confirmer mon adresse afin de tester Lima. Le message est martelé : on a ici la promesse dans sa version beta. Je ne suis pas certain que les souscripteurs avaient misé sur une beta.

Passons, je veux surtout savoir comment ça marche et si je pourrai intégrer Lima dans mon écosystème une fois la version finale sortie.

Le mail explique qu'en fait, je viens de commencer une inscription à Crashlytics, qui ressemble à une plateforme de diffusion d'applications en Beta et, vu le nom, à un système de rapport de crash.

Et moi qui ne voulait pas voir de bout de geek dépasser...

Tout ça est un peu confus. Mais je me mets dans la peau d'un cliqueur fou et je charge l'application. Une application qui ne vient pas d'un store officiel. Il faut connaître un peu sa tablette pour installer un APK qui ne vient pas de Google Play. Je me demande si Lima connaît par tracking le nombre d'installations réussies vs. le nombre de downloads vs. le nombre de device vendus.

Je l'espère, car c'est un excellent feedback pour améliorer l'onboarding.

J'ai donc installé une application qui s'appelle « Beta » et qui n'a pas le logo Lima. Je l'ouvre (non, je ne suis toujours pas sur un téléphone, le mode portrait avec des trucs tout petit, c'est pas bon; ceci dit, c'est Crashlytics, et non Lima, je le comprends maintenant) et l'application me demande mon nom complet.

Hein ?

Finalement, c'est peut-être éloigné de Dropbox, mais si c'est pour s'approcher de Facebook, je ne sais pas si on y gagne.

Je renseigne un nom sous le « Are you ready to get testing? »... oui, moi je suis prêt depuis 20 minutes environ. Ok, je tape en même temps, ça me ralenti.

Et on me propose de... télécharger Lima.

Ok. Je reprends donc au début. Le message était : vous allez installer une application qui se chargera de l'installation de la version Beta de Lima et vous permettra de faire des retours d'expérience ou de défauts logiciels.

Si cette information était donnée, je suis passé à côté. Si elle ne l'est pas, je préférerais que moins de temps soit passé sur les belles photos et les promesses de la page Web de Lima, et plus sur l'expérience de ceux qui ont réellement un Lima entre les mains.

Au niveau de permission demandées par l'app Lima en soit, ça à l'air correct. Cela correspond à l'usage indiqué. Je peux enfin ouvrir Lima.

Ah, Lima reconnaît que je suis sur une tablette et me demande... un compte.

Cette histoire de plateforme de distribution devrait vraiment être expliquée en amont. Je n'aurais pas forcément donné le même mail à Lima et à Crashlytics. Or, au début de l'expérience, on à l'impression d'avoir à faire à Lima. Ce qui n'est pas le cas.

Donc. Je n'ai pas de compte. Je clique donc sur « I don't have an account » pour me retrouver sur une aide qui m'explique pourquoi j'ai besoin d'un compte. Oui, justement, j'aurais voulu le créer. C'est pas là ?

Ah, ça me dit d'aller sur l'URL mentionnée au tout début, mais depuis un ordinateur. L'URL qui me disait que je ne pouvais pas continuer car j'utilisais Linux ?

Ma patience est à bout pour ce soir. Je pourrai tenter de changer l'identifiant du navigateur pour faire croire au site que je suis sous Windows et peut-être faire apparaître un bouton d'inscription, mais je n'ai franchement pas envie de me lancer là-dedans.

En attendant, pause.

Je reprendrai une autre fois.

Conclusion intermédiaire

Promesse alléchante, bonne vision, réalisation matérielle soignée. Expérience d'onboarding mauvaise dans mon cas. Quand à l'utilisation en elle-même, forcément, je réserve mon avis.

Page d'installation