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Grapholexique et partage de culture

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Dans le livre Grapholexique en préparation, Denis Sigal passe en revue les symboles graphiques de la bande dessinée japonaise et les décortique, les explique, les étudie.

Il s'agit là de la continuation de son travail pour Animeland inspiré lui-même par une exposition dont il était initiateur il y a longtemps.

Ce livre pourra se montrer très intéressant et une phrase au détour d'un billet (Archive) me fait me poser une question (que j'ai d'ailleurs initialement posé dans les commentaires).

La phrase est la suivante :

qui peut savoir a priori qu'un personnage qui a subitement les yeux vides doit être interprété par le lecteur comme un personnage qui n'est plus lui-même ou qui ne se contrôle plus ?

C'est une bonne question. En fait, une excellente question qui en amène d'autres. De manière générale : qui peut comprendre les symboles graphiques japonais a priori ?

La première réponse est bien entendu : les japonais. Mais je suppose que dans la question que se pose Denis, il n'en est pas question. La question est plutôt de savoir « qui, des lecteurs potentiels du grapholexique ». En priorité les lecteurs de manga, en général tout lecteur lisant le français, tant que le livre est en français.

Mais ma première réaction en lisant cette phrase a été de me dire : je comprends parfaitement ce signe. Et pour avoir lu l'étude qu'en avait faite Denis dans Animeland, je peux même dire que je comprends ce symbole tel qu'il l'explique. Or en y réfléchissant, je ne me souviens pas avoir jamais eu de difficulté à le comprendre.

Comme je le disais dans les commentaires de son billet, lorsque je feuilletais des mangas en ne comprenant pas le sens des mots, ces symboles m'étaient d'une grande aide, car ils permettaient de deviner l'histoire.

Mais d'où me vient cette compréhension des yeux vides ainsi que de la plupart des autres symboles ? Est-ce que d'autres personnes de ma génération ont les mêmes facilités à les interpréter ? Est-ce que d'autres générations auraient plus de mal ? Est-ce plutôt dépendant d'une condition bédéphile, quel que soit l'âge ?

La première théorie que j'avance est que la génération qui a suivi l'explosion du manga en France est aussi celle qui a vu étant jeune des séries japonaises à la télévision. Inutile d'en avoir vu voir beaucoup. Mais cela a pu agir sur la perception des symboles alors que nous (puisque je fais partie de cette génération) étions en plein apprentissage. Ainsi, ces symboles seraient naturels parce que inclus à notre éducation graphique.

Pour cela, il faudra faire une petite enquête armé des exemples graphiques qu'utilise Denis auprès de différentes générations tout d'abord et encore de différentes catégories (bédéphiles, pas bédéphiles par exemple).

Je m'attends par exemple à trouver dans les générations qui nous suivent une parfaite intégration de ces symboles. En effet, le manga est à présent plutôt bien intégré à notre culture et ces fameux symboles transpirent dans les arts graphiques occidentaux. Les publicitaires s'en sont approprié certains (avec bon nombre de désastres), des illustrateurs ont été influencés et un simple regard au rayon nouveautés BDs chez un libraire montre a quel point le manga a eu un impact sur la BD européenne et américaine.

Je serais par contre intéressé de voir les résultats sur les générations précédentes ainsi que sur notre génération, pour laquelle l'influence nippone a été plus partielle.